Anne Louise
Germaine de Staël-Holstein, I. La fête de la
victoire où le retour des Grecs, 3-8; darin:
5-8
7me.
D’une voix
lugubre et troublée
tout a coup le fils d’Oïlée
S’ecrie en blasphèment les Dieux,
Vantez le maìtre du tonnerre
Vous qu’il lui plait de rendre heureux,
C’est au Hasard qu’il a livré la terre
La mort vous a ravi vos plus noble guerriers
Mais Thersite retourne en paix dans ses foyers.
Le
choeur.
Le destin de
son Urne immense
Laisse tomber les biens et les maux et la mort
Si vous gagnez le lot du sort
Vous pouvez chanter sa puissance.
8me.
Oui, la terrible
guerre a frappé les meilleurs
Au milieu des champs des vainqueurs <6:>
Ton ombre me suit oh mon frère!
C’est toi dont la valeur guerrière
Comme une tour appuyoit nos combats;
Quand nos vaisseaux bruloient, seul tu sauvas la Grece
Mais le rusé par son adresse
A ravi le beau prix que méritoit ton bras.
Le
choeur.
Que sa cendre
au moins soit paisible,
Ajax a sucombé mais sous ses propres coups,
De sa gloire les Dieux jaloux
Par la colère ont vaincu l’invincible.
9me.
Nèoptoleme
a fait couler le vin
Su le tombeau qu’il éleve à son pére
Achille oh mon guerrier qu’il est beau ton destin!
La gloire est le premier des destins de la terre.
Sur le bucher notre corps doit périr
Mais notre cendre est ranimée
Quand la voix de la renommée
Nous évoque dans l’avenir.
Le
choeur.
Héros de ta
noble carriére
La gloire s’etendra jusqu’à nos derniers jours
La vie est passagère,
Les morts durent toujours.
10me.
N’oublions
pas la gloire malheureuse
Dit le fils de Tydée ah du heros vaincu
Chantons aussi la lutte généreuse
Pour ses Dieux paternels il avoit combattu
Le noble Hector défendoit sa patrie
Si les lauriers couronnent nos efforts
A la plus noble cause il immola sa vie
Qu’un grain d’encens l’atteigne chez les morts.
Le
choeur.
Qui combattit
pour ses dieux domestiques
Qui fut le bouclier de sa vieille cité, <7:>
A pu tomber sous ses debris antiques
Mais par l’ennemi même il sera respecté.
11me.
Trois âges
d’homme ont passé sur ta tête
Oh Nestor vieux convive oracle des Héros!
De la mére d’Hector au milieu de la fète
Il croit entendre les sanglots
Il prend la coupe couronnée,
Le vieillard connoit mal les profondes douleurs,
‑ Tiens lui dit-il infortunée
‑ Bois ce nectar c’est l’oubli des malheurs.
Le
coeur.
Croyez nous
deplorable Reine
Et ne repoussez pas les presents de Bacchus
Par sa puissance souveraine
Il rend l’espoir même aux vaincus.
12me.
Alors que le
Ciel implacable
Lançoit sur Niobé ses arrets destructeurs
Elle n’a point dans ses douleurs
Refusé ce jus secourable.
Il retrouvera de beaux jours
Celui qui fait couler le nectar dans ses veines,
Car le souvenir de ses peines
Dans le Léthé se perdra pour toujours.
Le choeur.
Il retrouvera
des beaux jours
Celui qui fait couler le nectar dans ses veines,
Car le souvenir de ses peines,
Dans le Léthé se perdra pour toujours.
13me.
Sous le poids
des fers opprimée
La prophétesse obéït au destin
Elle voit dans les airs une sombre fumée
Planer sur les débris de l’Empire Troyen
‑ Ainsi dit elle sur la terre <8:>
Tout disparoit tout se détruit
D’un instant de bonheur la Splendeur passagère
S’eteint dans l’eternelle nuit –
Le
choeur.
Que nos coursiers
que nos vaiseaux agiles
Laissent loin derrière eux la crainte et le chagrin
Sur l’avenir soyons tranquilles
Peut être au sein des morts nous dormirons demain.
Madame
de Stael-Holstein.
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